Il faut être un véritable Feddayin pour ne pas dire un matamore du régime Pastef pour penser que le placement en garde à vue du Sieur Badara Gadiaga n’est pas un mauvais signal envoyé aux Sénégalais et à l’opinion publique internationale.

Ironie du sort, l’événement intervient dans un contexte de faiblesse notoire et caractérisée d’une opposition sénégalaise encore groggy suite aux revers essuyés lors du scrutin présidentiel et à l’occasion des dernières élections législatives. Accueilli en grande pompe devant les locaux de la police judiciaire, Gadiaga, ce Sonkophobe invétéré et opposant acerbe vulgairement appelé Chroniqueur n’a pas raté l’occasion de tirer à vue sur la seule cible qu’on lui connaît et qui l’intéresse à savoir le Premier ministre de l’Etat du Sénégal. Dans une vidéo virale, la vedette de l’émission Jakarlo s’en donne à cœur joie pour toiser Sonko avec ce refrain en boucle : « Je parle d’Ousmane Sonko « . Comme pour se donner une contenance de véritable martyr en faisant preuve d’une intelligence sociale hors du commun. Il faut savoir saisir les opportunités pour tirer son épingle du jeu dans cette vie d’ici-bas où rien ne se donne et se gagne sur un plateau d’argent.

De de point de vue, Guy Marius Sagna a raison d’affirmer que les convocations et emprisonnements sont contre-productifs face aux insulteurs et autres profils controversés. Et cette convocation est juste du pain béni pour ce Gadiaga qui bénéficie gratuitement d’une exposition en mondovision. Le veinard ! Avec le recul, il fait pratiquement mieux que toutes les figures emblématiques de l’opposition.
Tout de même, il faut remarquer que les urgences sont ailleurs.

Ces politiciens professionnels disqualifiés ( pouvoir et opposition confondus) font de la castagne un style de vie. Ils doivent surtout reprendre leurs esprits pour savoir que les peuples sont en avance sur les hommes politiques.

Les Sénégalais ont tout donné au pouvoir Pastef ; ils ont répondu positivement à leurs fortes demandes, leurs desiderata et autres caprices. La magie Sonko opère depuis 2014. On a élu le Président qu’il a désigné, ensuite on lui a accordé une majorité écrasante à l’assemblée nationale. Autrement dit, Pastef dispose de tous les leviers pour gouverner et surtout provoquer l’électrochoc, libérer les énergies afin d’apporter un mieux-être et un progrès collectif au profit de nos 18 millions de concitoyens.

Dans un tel contexte, ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Badara Gadiaga se présente comme une diversion. Les enjeux sont plus sérieux.

À ce rythme, la tentation est grande de considérer que Pastef allume ce dossier en guise de contre- feu pour expier quelque part les difficultés existentielles auxquelles nous sommes tous confrontés. Mais Pastef doit savoir que l’usure du pouvoir est naturelle.Idem pour l’érosion du bassin électoral.

Aujourd’hui, le drame du Sénégal c’est qu’il n’y a plus d’opposition significative. Clairement. Ceux qui font office de véritables opposants du régime sont tous des profils qui n’avaient même pas 1% des voix lors du tout dernier scrutin présidentiel. Evidemment, la nature ayant horreur du vide, des profils futés et mis en lumière par le puissant écosystème cathodique, ont pris les choses en main pour s’imposer via des émissions télés, sortes de « soap opéras » sans plus- value pour les gens ambitieux et exigeants. C’est de la sorte que Badara Gadiaga, Abdou Nguer et des profils sans épaisseur ont émergé.

Le dénominateur commun de ces gens là c’est qu’ils ne sont officiellement affiliés à aucun parti politique de la place. Mais ils ont plus d’impact que les politiciens professionnels d’autant qu’ils squattent les plateaux télés et numériques H 24 avec un champ lexical violent. Le plus clair du temps, on constate malheureusement que ce sont des politiciens encagoulés qui n’ont qu’un unique programme : tirer voire insulter vertement monsieur Ousmane Sonko, l’homme politique qui leur permet d’exister et d’avoir par ricochet des milliers de vues sur la toile et une certaine reconnaissance, un succès même éphémère du côté de l’opinion publique. Le problème c’est que ces « chroniqueurs » d’un genre particulier n’ont pas l’honnêteté intellectuelle d’un Hamidou Anne qui a préféré quitter les méandres obscures de l’imposture pour affirmer au grand jour son appartenance à un parti politique légalement constitué, l’APR dans le cas d’espèce. Cette lisibilité n’a rien à voir avec le jeu trouble de Gadiaga et compagnie.

Le Sénégal reste en grande difficulté avec de sérieuses difficultés de trésorerie. Il faut restaurer la confiance au plus vite et travailler à réinjecter de l’argent frais dans l’économie nationale. Par ailleurs, il faut apurer la dette intérieure d’autant que plusieurs entreprises mettent la clé sous la porte et les plus résilientes procèdent à des licenciements économiques massifs.

Il faut sauver ce pays pendant qu’il est encore temps.

Mamadou Lamine DIATTA